Le commencement

Quand j’ouvris les yeux pour la première fois, la première chose que j’aperçus distinctement fut ma mère. Cette jument noire comme la nuit avait ses yeux aussi brillants qu’une étoile en m’observant allongé sur le sol. Le silence dura un certain moment avant qu’un étalon d’un pas fier vint briser celui-ci en se rapprochant d’une clôture pour me fixer attentivement. Dans la logique, je me disais que cela devait être mon père, mais on ne me donna aucune information supplémentaire sur l’identité de cet étalon noire. J’avais beau demander à ma mère qui il était, elle détournait la conversation aisément sans me donner la réponse que je voulais. A ce moment là, je ne comprenais pas pourquoi cette réponse était interdite et à éviter. Mais, tout jeune poulain que j’étais, je pensais rapidement à autre chose, comme à me mettre debout. Les premiers pas furent très difficile, si je pouvais omettre une comparaison, cela ressemblait à essayer de rester droit sur un bateau en pleine tempête parce qu’il ne fallait pas oublier que ma maman me lavait en même temps. Autant dire que je me levais, elle me léchait et je tombais aussi rapidement. La terre semblait bouger dans tout les côtés et impossible de trouver sa stabilité jusqu’au moment ou miracle, ça ne bougeait plus. Mes petites jambes tremblaient, ma concentration était à son maximum pour rester dans cette position. Levant ma tête verts le haut, je vis ma mère s’éloignait de moi comme si elle voulait que j’avance….et dire que j’avais fait tant d’effort pour arriver à ne plus bouger, il fallait que je me déplace pour ne pas perdre ma mère de vue, enfin même cinq mètre devant moi, c’était déjà trop loin. Cette motivation de rester auprès d’elle me poussa à mettre un sabot devant l’autre pour me retrouver en sécurité à ses côtés, mais ce fut un long chemin que je m’écroulai aussi rapidement au sol. Elle tourna sa tête vers moi, je ne pouvais m’empêcher de plonger mes yeux dans les siens…et je me remis à tenter de me relever. Je commençais à avoir soif, je cherchais donc les mamelles de ma mère pour pouvoir assouvir ma soif ce que je trouvais rapidement. Après cela, je me mis à courir dans tous les sens pour tester mon équilibre, parfois j’arrivais à rester debout, parfois je trébuchais, mais je me relevais aussi vite. Ce fut les plus beaux jours de ma vie.

Cinq ans plus tard

Cela devait être les plus beaux jours de ma vie et effectivement, ils l’étaient. Maintenant, j’ai bien grandi, je côtoie les humains et ils m’utilisent pour diverses choses. D’un côté, cela ne me déplaît pas tant qu’ils restent corrects avec moi. Rare sont les humains qui le sont avec moi et dans ce cas là, je fais mon têtue et celui qui ne veut rien faire. Je le regrette souvent le soir car, ma bouche me fait mal et mon ventre aussi, mais ils n’ont qu’à être convenable envers moi. Ils oublient sûrement que je suis un être vivant et non une machine. Malgré cela, j’entends souvent ces humains dirent que je suis excellent en dressage, mais que j’ai un caractère têtue et boudeur…Et après, ils croient que c’est ma faute, je leur mettrais bien un miroir devant eux pour leur prouver le contraire, mais c’est plus facile à dire qu’à faire n’ayant aucune communication avec ses bipèdes. Je change aussi souvent de cavalier, toujours des têtes différentes, des attentes différentes et des objectifs différents. Je ne sais jamais à quoi m’attendre avec le cavalier ouvrant mon box, encore heureux que je suis un étalon calme et compréhensif sinon, ils auraient du fil à retorde avec moi. J’ai eu un bon prof, cet étalon noir que j’ai vu à ma naissance m’a donné beaucoup de conseil ayant eu la chance d’être son voisin de box. Il me disait toujours d’essayer de les comprendre, de savoir ce qu’ils attendaient de moi et d’essayer de devenir le cheval qu’ils veulent et de l’autre côté, ma mère me disait de rester moi-même. Aller savoir ce qu’ils veulent à la fin, pour satisfaire les deux, j’ai fait un mélange de « deviens le cheval qu’ils veulent » et « reste toi même ». Les cavaliers font s’amuser avec moi parce que malgré que je suis calme, je n’aime pas rester à ne rien faire.